Les gens qui me suivent depuis longtemps savent déjà que je suis un grand adepte de la plateforme Windows Phone. Dès le lancement de la version 7, j’ai été sous le charme de cette ère moderne qui s’ouvrait devant moi même si j’ai dû faire plusieurs sacrifices pour profiter de ce design et de cette ergonomie. Un choix que peu de gens feront, avec compréhension évidemment.
Car au delà du système d’exploitation, nous utilisons d’avantage les applications que le système lui-même. Ce sont les applications qui donnent vie au système. Si l’OS est le cadre qui tient le tout, les applications en sont la toile. Mais malgré cela, je suis toujours revenu à Windows Phone malgré que j’ai eu la chance de tester un grand nombre d’appareils. Peut-être sadique vous me dites ? Plutôt un choix en bonne conscience selon mes goûts et mes besoins personnels.
L’une des grandes promesses de Windows Phone est depuis très longtemps la fusion entre l’OS mobile et PC. Si le rapprochement se fait progressivement (et difficilement il faut l’avouer depuis quelques années déjà), l’apogée de toutes ces années de durs labeurs chez Microsoft (et de soutient de la petite mais fidèle base d’adeptes de Windows Phone) arrive très bientôt avec Windows 10. Le nouveau système d’exploitation de Microsoft qui sera lancé dans quelques semaines, le 29 juillet pour être plus exact marquera le retour d’un OS plus adapté pour une utilisation plus classique du PC, mais aussi la fusion avec plusieurs idéaux mobiles pour tablettes et maintenant, une ergonomie encore plus partagée pour le mobile. Les applications universelles sont au cœur de plusieurs de ces changements, si bien que de base l’utilisateur retrouvera les mêmes applications sur tous leurs appareils, comme par exemple une suite Office, la musique, les vidéos, Microsoft Edge, etc. Et les apps universelles sont ouvertes aux développeurs tiers aussi. Des exemples existent déjà, notamment l’excellent Tweetium qui est sans l’ombre d’un doute mon client Twitter préféré durant les deux dernières années.
Mais, car oui il y a un mais, l’annonce d’aujourd’hui faite par Microsoft vient mettre un frein à l’envolée de ce système. Dans une lettre envoyée aux employés, Satya Nadella confirme que Microsoft retranchera 7800 postes, principalement dans la division mobile acquise même il y a moins de deux ans chez Nokia. Des postes qui touchent le marketing, le design et essentiellement des bureaux en Finlande, le cœur même de la division mobile chez Microsoft.
Du même coup, Microsoft affirme être tout de même encore très impliqué dans le développement de nouveaux appareils, mais rationalisera les gammes pour être plus concis : Entreprises, appareils budgets et appareils phares. En soi, cette annonce est plutôt une bonne nouvelle puisque selon moi les appareils lancés par Microsoft étaient bien trop nombreux inutilement. Juste durant la dernière année, Microsoft a lancé le Lumia 430, 435, 530, 532, 535, 640, 640XL, 730, 735 et 830… sans toutefois s’attaquer à des remplaçants pour le 930 et le 1020, tous deux lancés en… 2013. Avoir des gammes plus concises lancera un message plus clair aux acheteurs et aux fournisseurs de service mobiles, et réduira le coût de production et de développements de ces mêmes appareils.
Toutefois, cette annonce concerne le court/moyen terme, si l’on se fie à Bloomberg qui affirme dans un article que cette vision de Microsoft devrait durer pour les deux prochaines années. De plus, la rationalisation ne touchera pas que le nombre de modèles disponibles, mais aussi les marchés et les fournisseurs les moins lucratifs pour Microsoft. Pour l’instant, difficile de dire quels marchés seront impactés par ce remaniement. Par la suite, évidemment Microsoft continuera de pousser sa nouvelle stratégie, soit de rendre son écosystème disponible le plus possible sur le plus de plateformes possibles.
Or, avec plus de 96% des parts de marché de Windows Phone, Microsoft est clairement le constructeur leader de cette plateforme. S’il abandonne ce marché, quel message sera envoyé aux autres constructeurs qui risquent de simplement se tourner vers Android ? Pourtant, une grande part de la stratégie de Microsoft pour les applications universelles ne peut que fonctionner qu’avec un système d’exploitation mobile pour encourager les développeurs à utiliser ces nouvelles APIs et à profiter du multiplateforme chez Redmond. Or, si le mobile disparaît, il ne restera que le PC traditionnel. Nous sommes tous d’accord que le PC ne disparaitra pas dans les prochaines années, mais les développeurs ne seront sans doute pas intéressés à utiliser une plateforme de développement plus jeune pour le PC et se rabattront sans doute sur l’architecture X86, vieillissante soit, mais toujours très largement répandue.
Peut-être que cette stratégie chez Microsoft fonctionnera quand même : peut-être que cette rationalisation permettra de limiter les dégâts actuels et de rebondir un peu plus tard. Après tout, les efforts actuellement déployés pour avoir un système d’exploitation mobile très proche de la version PC n’est pas perdu et rien ne dit que Microsoft abandonnera se marché. Après tout, plusieurs nouvelles fonctionnalités ont été apportées et sont très intéressantes, comme « Continuum » et les applications universelles. Il y a encore des choses très intéressantes à venir pour Windows 10 mobile. Et si comme mon collègue Maxime Johnson le fait remarquer dans une chronique récente sur le journal Metro, après tout le marché globale de la mobilité est un peu comme une longue partie de Poker et actuellement Microsoft n’a qu’une paire. Et pendant que iOS et Android se battent avec des mains plus fortes, Microsoft concentre ses énergies et économise son butin pour pouvoir tout miser lorsqu’il aura une meilleure main.
En clair, Microsoft prend seulement un peu de recul pour recentrer ses énergies correctement, puis se relancer de nouveau au moment opportun.
Et c’est aussi mon avis. Du moins, je l’espère.